Le 20 mars 1953, le 8 mai fut déclaré en France jour férié de commémoration. Le 11 avril 1959, le président Charles de Gaulle supprima le caractère férié par décret. Le Président Giscard d'Estaing supprima alors la commémoration de la victoire alliée de 1945. Le président François Mitterrand prit la décision de rétablir par la loi du 23 septembre 1981 la commémoration et le jour férié. C'est dire que le caractère particulier de ce jour a, durant des décennies, soulevé polémiques ou tout au moins posé des questions, dont les réponses ne sont pas toujours si évidentes.
En ce 8 mai 2011, à Robert Espagne, on pouvait penser que les esprits étaient apaisés et que les nombreuses victimes de ce conflit pouvaient dormir en paix.
La commémoration s'est déroulée comme à son habitude, simple et émouvante. Dépôt de gerbes et discours, participation des enfants du village et des enseignants, la cérémonie était consensuelle.
Mais ce jour était également l'occasion de dévoiler une plaque commémorative rappelant les tragiques évènements de ce 29 août 44 qui vit des dizaines d'hommes massacrés et le village détruit. Cette plaque, posée à l'endroit même où se trouvaient les trois mitrailleuses allemandes qui ont fauché les quarante-neuf innocents, ravive des souvenirs et suscite des interprétations divergentes de la part des uns et des autres.
Si des enfants de disparus lors de cette journée tragique étaient présents ce jour de 2011 à cet endoit précis, très émus, comme la fille de Madame Fiévet, garde-barrière, venue supplier avec ses enfants le donneur d'ordre de cette tuerie, d'autres, sont restés réservés et même tout à fait opposés à cette forme de commémoration.
On constate que l'émotion est toujours vive et que chacun porte encore en soi les stigmates de ces terribles évènements ayant marqué à jamais son enfance.
Témoins d'aujourd'hui, nous ne prenons pas parti et ne pouvons que respecter la douleur des enfants et la mémoire des disparus.