Aujourd'hui, journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation. Une journée bien singulière, sans public. Sur la place de la République, toute de blancheur minérale, sous un ciel d'un bleu métallique, le monument est bien seul...

Pas un drapeau flottant au vent... les couleurs n'ont pas eu l'honneur de rappeler le souvenir... Triste dimanche...

Deux gerbes posées à même le sol témoignent d'une attention a minima...

Pour tous ceux qui n'ont pas vu les lilas refleurir, j'ai posé sur la grille un bouquet, des fleurs blanches délicatement parfumées, de celles qui embaument dans le jardin.

Combien de nos anciens ont laissé la vie, là-bas, dans les camps, victimes d'une barbarie sans nom?

Combien n'ont plus entendu les pépiements d'oiseaux dans les ramées, comment n'ont plus entendu le clapotis des ruisseaux dans les prés, combien n'ont plus entendu les bavardages et les rires des enfants, combien n'ont plus senti sur leur peau le friselis de la brise, combien n'ont plus respiré le parfum d'une rose, combien n'ont plus goûté la chair tendre d'une cerise ou d'une pêche, combien n'ont plus serré dans leurs bras leurs êtres les plus chers... ? Honneur à eux...

Et combien certains sont revenus, cassés dans leurs corps et leurs âmes, retenant en eux, si longtemps, les heures sombres et les déchirures, sans pouvoir les partager avec leurs proches?

Honneur à tous ces cabossés de la vie, à ces meurtris qui, petit à petit, ont pu raconter l'indicible et inlassablement rappeler les valeurs d'humanité et de fraternité.

Ce n'est qu'un bouquet, un bouquet de lilas blanc, de celui qui embaume dans le jardin... Se souvenir, toujours... ne jamais oublier... rendre hommage et transmettre... Honneur à eux...

Louis Aragon, en 1943, signait un chant d'espérance au cœur de la nuit de l'occupation allemande, un hymne à la vie, un hymne à la France...

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