Bar le Duc, "paisible petite ville préfecture de la Meuse"... Nous la vivons ainsi, depuis des années, bercés dans un ronron quotidien qui peut séduire, certes, mais qui cache des aspects bien plus problématiques.
En analogie avec l'ouvrage de Jérôme Fourquet, "L'Archipel français", on projette assez facilement le propos sur le paysage local. Au fil des rencontres avec beaucoup de nos concitoyens, nous constatons d'emblée les fractures et les cassures qui morcèlent l'ensemble de la population. Ainsi nous pouvons vraiment évoquer l'archipel barisien.
Un constat amer qui rend indispensable un changement de modèle pour un nouveau projet.
Pour Bar le Duc, il est tant de défis à relever!
Réduire ces fractures constatées est déjà incontournable. Nos gouvernants locaux n'en ont pas pris la mesure, ou n'ont pas voulu les voir, chacun restant sur ces certitudes d'élu, faute de rencontres hors des institutions ou des AG d'associations, faute d'écoute, préférant fermer les yeux ou passer à un autre sujet.
Ce sont des fractures entre ceux qui ont un véhicule et ceux qui sont tributaires des transports en commun, et entre ceux-ci, ceux qui ont un accès facilité à un arrêt proche et ceux dont on a tout simplement supprimé l'arrêt et dont la mobilité est réduite pour raison de santé ou d'âge.
Ce sont des fractures entre ceux qui ont accès naturellement à la culture et ceux qui pensent que ce n'est pas pour eux, qui n'imaginent même pas cela possible, faute de moyens financiers ou de transport.
Ce sont des fractures chez les séniors fragiles qui faute de politique locale appropriée n'ont d'autres perspectives à venir que l'isolement chez soi ou à terme l'EHPAD, loin de toute vie de la cité.
Ce sont des fractures chez les jeunes, pour qui aucune politique de long terme n'est organisée, sauf évènements ponctuels, faute d'un large projet éducatif au profit de tous.
Ce sont des fractures entre générations qui mettent en lumière les liens distendus et laissent chacun dans son univers par toujours rose.
Ce sont des fractures entre quartiers, faute d'une vue d'ensemble d'aménagement du territoire, entre îlots un peu délaissés où se nourrit la désespérance.
Et tant d'autres fractures que l'on n'a pas voulu voir et qui s'accentuent, les fins de non-recevoir se multiplient, les refus d'entendre sont de plus nombreux, les manques de réponses adaptées sont de mise...
A cet archipel barisien, quel espoir donnons-nous? Quelles réponses apportons-nous? Certains en ont: une salle de spectacle, un terrain de foot synthétique, un complexe tennistique, un boulodrome, des pistes cyclables... de la pierre, du béton, des pavés ou du bitume...
Et, au final, nous avons toujours une "paisible petite ville préfecture de la Meuse".
Où est l'inventivité? Où est la créativité? Pour faire en sorte, qu'au-delà de nos "frontières", on se dise, ailleurs, que Bar le Duc, ça vaut la peine d'y rester, de venir y habiter, de venir s'y installer, d'y implanter son entreprise, d'y développer des projets...
L'enjeu est de taille, c'est agir avec tous, pour une cité inventive et créative, solidaire et généreuse.