Certes un long... mais émaillé de vérités chiffrées... merci aux différentes sources auxquelles j'ai puisé ce clair breuvage...
Nouvelle année… nouveaux projets…
Mais il faut déjà encaisser toutes les jolies surprises que nous ont concoctées nos élus nationaux… c’est vrai que cette avalanche de cadeaux nous laisse pantois et bien sûr ravis, puisque c’est uniquement pour notre bien que ces beaux paquets ont été élégamment emballés de papier chatoyant et liés de pimpants rubans frisottés…
Car, nous avons été plus que gâtés… pensez donc… une réforme des retraites… une réforme fiscale… une réforme territoriale… que du beau, que du bon, vous dis-je !
Voyons voir un peu, comme on dit chez nous en Lorraine…
Réforme des retraites…
La grande machine s’est mise en marche pour faire peur, vous verrez, un jour, on ne pourra plus payer, pour cultiver la belle illusion, vous savez très bien qu’un jour, on sera tous centenaires…
Bon, vous allez partir à 62 ans au lieu de 60… pas de quoi fouetter un chat, deux petites années, rien que deux… pour garantir votre retraite, à un taux défiant toute concurrence…
Dorénavant ce sont 41,5 annuités de cotisation auxquelles chacun devra s’astreindre… pour certains, cela peut paraître facile, mais pour d’autres, c’est comme essayer de traverser une rivière en crue sans bateau et voir la rive opposée toujours plus loin… 67 ans…
Mais le paradoxe vous le connaissez, entre 60 et 62 ans, ce sont les plus belles années de la retraite ou les plus dures années au travail.
Il y avait d’autres solutions… augmenter les cotisations retraites patronales et élargir leur assiette. Ce n’était pas aux salariés de se serrer la ceinture, mais bien aux actionnaires…
Réforme fiscale…
Suppression, au profit de la CVAE, de la taxe professionnelle dont on disait qu’elle plombait les entreprises… je connais des petits patrons qui voient leurs charges augmenter, tiens, comme c’est bizarre… plus de 3,6 millions de ménages devraient payer plus de taxe d'habitation… nouvelles bases foncières…
A compter de 2011, les départements ne toucheront plus un centime issu de la taxe d'habitation.
Moins de dotation aux collectivités locales, qui sont obligées de compenser par une augmentation des impôts locaux…
Réforme territoriale…
… L’avènement de conseillers territoriaux, 15 pour la Meuse, 15 qui seront à la foire et au moulin et au lavoir, à Metz, au chef lieu du département, auprès de vous sur les petits territoires ruraux… car corollaire de cet amaigrissement forcé des représentants meusiens, on veut nous faire croire à une économie substantielle… mais, croyez-moi, c’est « cacahuète ! ou peanuts ! », comme on dit, dans la balance des centaines de millions d’euros brassés
… La fin de la clause de compétence générale, cette clause qui permettait à une collectivité de s'occuper d'un domaine qui n'est pas forcément de son ressort…
… La fusion de collectivités…
Ajoutez à cette avalanche de bonnes nouvelles, la poursuite de la RGPP, la bien nommée Révision Générale des Politiques Publiques, qui voit la disparition de milliers de fonctionnaires… ah ! les fonctionnaires ! ceux qui sont responsables de tous les maux du pays, ceux qu’on vilipende au moindre dysfonctionnement… Vous aussi avez-vous votre courrier distribué après midi ? Vous aussi voyez-vous l’école de vos enfants perdre des postes d’enseignants ? Vous aussi constatez-vous la réduction drastique du nombre des trains en gare de Bar le Duc ?
La réorganisation des services publics est en marche, en marche forcée, pour notre bien…
2011… une nouvelle ère se profile, celle du projet de Loi de Finances de la Sécurité Sociale vers la fin du « monopole » de la Sécu, avec le fameux cinquième risque, et la réforme de la dépendance…
Le projet LFSS 2011 adopté le 28 novembre 2010 prévoit 21,4 milliards d’euros de déficit pour la Sécu.
Le déficit du régime général entre 2008 et 2009 a doublé. Les recettes ont été baissées : les exonérations de cotisations patronales ont doublé de 1999 à 2007, autour de 30 milliards d’euros, oui, j’ai bien dit, 30 milliards d’euros, en 2008. Faites la comparaison…
Mais, puisque pour tuer son chien, il faut qu’il ait la rage, donnons-la-lui ! Il y a les fraudeurs… il y a les étrangers en situation irrégulière, il y a la CMU, il y a… il y a… qu’on cesse ces digressions indignes de notre société…
Alors on fixe 2,5 milliards d’économies par rapport à 2010… je vous passe toutes les mesures déjà prises et toutes celles qui vont être formalisées…
Au lieu de socialiser le coût des soins, ce sont les malades eux-mêmes qui vont devoir payer 550 millions d’euros de plus, avec un transfert, peu à peu, aux organismes complémentaires. Les mutuelles et assurances privées, d’ailleurs taxées à hauteur de 3,5 %, sont appelées à se substituer, en plus cher, à ce que ne fait plus l’assurance maladie. Vous avez peut-être déjà reçu une notification de votre mutuelle… Et la contribution des laboratoires pharmaceutiques sera 11 fois moindre que celle des assurés sociaux.
Le « 5ème risque » dit de « la dépendance » davantage privé que public…
Le gouvernement va lancer une « vaste concertation nationale » sur ce thème avec des discussions « élargies à toute la protection sociale » dans le but de « fixer la part des régimes obligatoires et complémentaires et diversifier les modes de financement ». On avance contre le « monopole » de la Sécu : ce « 5ème risque » serait l’occasion de remettre en cause l’obligation de cotiser à la Sécu pour permettre l’individualisation du prélèvement et le choix de l’assurance. Ce serait la concurrence libre. Au moment où les Etats-Unis essaient de mutualiser une part de leurs énormes frais de santé, en France, on tente le chemin inverse …
Résumons…
L’Ecole ? on casse la carte scolaire et baisse le nombre de profs… il va falloir faire en sorte que la réorganisation probable soit une occasion de meilleur service pour tous les enfants, en s’efforçant de mettre de côté les égos des adultes …
L’Université ? la loi l’autonomise pour mieux la privatiser…
L’Hôpital ? on le met en concurrence défavorable avec le secteur privé depuis longtemps, tarification à l’activité T2A à l’appui.
L’EDF, GDF, SNCF, La Poste ? ouverts de plus en plus à la concurrence, est-ce encore (un peu) public ? on les ronge, on les découpe, on les livre progressivement aux actionnaires qui les démontent.
Les collectivités locales ? toute la réforme territoriale vise à en privatiser des services entiers.
Le Code du travail ? un carcan dont certains aimeraient se débarrasser.
Les 35 h ? la durée légale du travail, une durée légale qui met trop de barrières aux appétits de certains (toujours les mêmes…)
Le Smic ? on le bloque au plus bas niveau pour mieux le disloquer et le supprimer.
La retraite ? on l’a vu, on la pille, pour faire travailler plus, sans aucune garantie…
Les banques ? on fait semblant de s’agiter pour les « réguler », mais on laisse tout faire…
Nous sommes en train de vivre une véritable destruction de tout notre édifice social, de tout ce qu’il y a de collectif, de service public…
C’est la loi du plus fort, du plus riche, du regard des actionnaires, de la concurrence...
Nous avançons petit à petit vers l’effacement de six décennies de droits sociaux mis en œuvre et patiemment construits depuis le programme du Conseil National de la Résistance…
Après cet exposé non exhaustif du tableau national, qui nous intéresse tous, car toutes les mesures décidées en haut pèsent sur notre quotidien, sur votre quotidien… revenons à notre département…
Le budget 2011 a été voté en décembre, un budget plombé par la dette de l’Etat, d’ailleurs le président Namy s’en est encore fait l’écho dans l’Est de mercredi… 106 millions d’euros… rien que pour le domaine social !
Et la croissance annuelle de cette dette est effrayante : 12,8 millions en 2009, 14,8 millions en 2010, 16,8 millions prévus en 2011…
L’endettement est l’un des plus forts, des plus pesants de France, se positionnant au 2ème ou 3ème rang au palmarès des départements les plus endettés, 1000 € par habitant en Meuse pour une moyenne française de 462 €…
Les emprunts qu’il est prévu de contracter à plus de 11 millions d’€ viennent annihiler le remboursement du désendettement amorcé en 2010…
La réforme de la fiscalité prive la collectivité d’une grande partie des faibles marges de manœuvre qui lui restaient.
La Taxe d’Habitation est transférée aux communes, la Taxe Professionnelle est remplacée par d’autres taxes et compensée en euros constants mais sans tenir compte de l’inflation.
La CVAE, Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises, doit donner lieu à péréquation, c’est-à-dire une attribution aux départements les moins favorisés au détriment de ceux qui sont les mieux fournis. Qu’en sera-t-il ? Attendre et voir...
Reste la TFB, Taxe Foncière sur les propriétés Bâties : la hausse due à l’évolution des bases (à 3 %) est destinée à l’Etat…
Le budget départemental ne récupérera que la hausse des taux. Cette réforme, non seulement ne protège pas les contribuables, mais prive le budget départemental de quasiment toute marge de manœuvre.
Or dans le domaine des Solidarités, les allocations dues aux Meusiens doivent être versées en toute équité, et pour une action plus efficace, il faut une vraie présence sur le terrain et donc une volonté politique forte et des moyens en personnel…
Dans le domaine des routes, les investissements étaient de 12,3 millions d’€ en 2010, ils ne seront plus que de 10,6 millions d’€ en 2011 soit une baisse de 16 %...
Pour optimiser les dépenses de fonctionnement avec le souci de répondre aux nécessaires solidarités envers les Meusiens, la seule réponse est la réduction des investissements.
Alors, nous avons une sorte sauveur du département, j’ai nommé le GIP Objectif Meuse avec ces fonds d’accompagnement du laboratoire de Bure qui sont souvent présentés en recours.
Une large part des 30 millions d’€ qui constituent ces fonds est allouée aux collectivités locales, aux acteurs économiques, voire associatifs. Mais, si c’est bien ainsi, ces fonds devraient encore mieux concourir au développement du territoire…
De quelle nature seront les vœux du président Namy, lui qui se distingue au sein de sa famille politique par une certaine indépendance de parole, de prise de position au regard de la dette de l’Etat envers les Départements ? Lui qui fustige si souvent l’Etat ? Lui qui est si réservé sur la réforme territoriale qui risque de faire de la Meuse un si petit poucet au sein de la région Lorraine ?
J’imagine… mais c’est en ce moment dans les salons dorés de la préfecture…
Il y a en ce début 2011, un fossé immense entre le pouvoir et la masse des citoyens : à cause de la gravité de sa loi pilleuse de retraite, ressentie comme illégitime et imposée au forcing.
Faute d’avoir été écoutés, les 8 millions de manifestants qui ont défilé au moins une fois à l’automne, vont trouver d’autres moyens de se faire entendre. Rien ne s’oublie, rien ne se perd.
Que sont ces élus qui n’entendent pas ? que sont ces élus qui n’écoutent pas ? que sont ces élus qui monopolisent les médias ? que sont ces élus qui font passer leurs lois en nous trompant sciemment ? que sont ces élus qui cassent pour servir leurs propres intérêts ?
Alors, ces vœux pour 2011 ?
Et bien, faire confiance dans la capacité de nos concitoyens à résister, à se rebeller, à montrer avec force leur désaccord… à savoir dire leur indignation… à refuser de se laisser confisquer la parole par des politiques qui n’ont rien à dire… à savoir écouter ceux qui tentent de faire entendre d’autres projets et qui sont trop vite muselés par les médias tout puissants…
Des vœux pour que chacun puisse vivre dignement, des vœux pour des logements dignes pour tous, des vœux pour des retraites décentes, des vœux pour une prise en charge médicale à la portée de tous, des vœux pour une sécurité sociale au service de tous, des vœux pour du travail pour tous, des vœux pour une meilleure prise en compte des handicaps, des vœux pour la culture et le sport à la portée de tous, des vœux pour que chacun trouve sa place dans la société, des vœux pour une société solidaire… des vœux pieux, me direz-vous…
Tous les jours je suis en colère…
Mais, je me soigne… je viens vous voir dans vos villages, je passe un petit moment à un endroit ou à un autre, je partage un repas, une fête, un anniversaire, une commémoration, une aventure, j’écoute, je me réjouis avec vous… et puis, quand le politique ne sait pas faire, ou ne se donne pas les moyens de faire, alors, j’endosse un autre costume, celui d’une militante associative et j’initie des projets, je propose… c’est difficile… mais je persévère… comme vous tous, bien souvent bénévoles ici ou là, pour accompagner, pour aider, pour essayer d’apporter des solutions, pour faire de la vie parfois chaotique de jolis moments…
Albert Jacquard a dit : « Tout homme a droit à une vie qui lui permette de se construire », alors, permettons, tous ensemble, que tout se mette en œuvre pour que chacun puisse faire de sa vie une belle aventure.
Et comme j’ai une formidable dose d’optimisme, je dis, en ayant une pensée pour ceux qui sont malades ou isolés ou dans le dénuement matériel ou affectif, « Meilleurs vœux à tous, à partager sans modération ! Bonne année ! »