" Dies Irae... Un drôle de nom pour une exposition, mais après tout, pourquoi pas…
Littéralement, jour de colère…
Des jours de colère, chacun en a connu, chacun en connaîtra encore.
De la première image qui nous arrive de Sébastien Montag, on a l’impression que cette colère se dilue dans les encres et les couleurs, noyant un lutteur vaincu, un lutteur qui s’écroule, un lutteur sur qui l’adversité s’acharne.
Un jour de colère tel qu’on peut en vivre à la vue de ces calamités qui se déversent sur le monde des indigents, des calamités qui minent et usent, des calamités qui de leur grondement sourd posent leur chape de plomb pour étouffer les cris et les gémissements des opprimés.
Ces jours de colère mobilisent un temps les nantis pour contrer le mauvais sort, pour donner bonne conscience… et puis plus rien…
Sébastien Montag… Montag, lundi, jour de la semaine où l’on reprend le travail, où l’on essaie d’oublier ses soucis pour œuvrer au bien commun tout en s’efforçant de gagner son pain…, Montag, jour de la lune, qui jette ses feux nocturnes dans l’obscurité et éclaire le chemin…
Mais Mon tag, ce peut être aussi mon tag… un tag… une signature qui se rapproche du graffiti, une calligraphie, presque une écriture… et pourquoi pas une écriture…
Alors, bien sûr, il faut déchiffrer et s’initier à cette culture. Sébastien nous ouvre un chemin en s’inspirant des bandanas glanés au hasard de ses voyages.
Le bandana, un carré de tissu qui nous parle du monde et nous invite à l’évasion.
Et à la manière de Maurice Carême, qui nous a assuré que d’une bouteille d’encre on pouvait tout retirer, d’un bandana, on peut tout écouter, on peut tout voir ou revoir: le reggae et son rasta, le Che et son havane, le biker et sa Harley, le cowboy et ses éperons, le tennisman et sa raquette… Marlon et son blouson noir, Elvis et sa guitare… la rage ou la colère pour une vie de fureur…
De celui blanc immaculé de Berlusconi, qui cachait les stigmates de ses implants capillaires au bandana des ingénieurs de la faculté de génie de l'Université de Sherbrooke au Canada, il a traversé les continents, le bandana ! De la soie colorée de son Inde d’origine, il est devenu coton dans les immensités de la pampa argentine, les campus hippies, dans nos cités, comme compromis pour un temps avec le hijab, le bandana traverse le monde et crée les modes… le bandana fait battre le cœur des peuples, fait entendre la voix des différences…
D’utile pour faire obstacle à la poussière du vaste ouest américain, manifestation de cette nature qui se rebellait sous les sabots des mustangs, il est devenu lui-même rebelle, imprimant signe de provoc ou marque de contestation… jours de colère…
D’un bandana, qu’il soit noué sur la gorge ou sur la nuque, couvrant les cheveux ou cachant le cou, protégeant de la poussière ou flottant au vent, glissé dans la poche arrière ou noué au poignet, qu’il soit de couleur unie ou fleuri, on peut tout voir, on peut tout entendre, si l’on prend la route et qu’on marche dans les pas de Sébastien.
De la boxe à la peinture, Sébastien nous balade d’image en image, provoquant ou contestant, faisant de sa découverte du monde un appel à la réflexion, et nous offre un parcours insolite.
Reste à espérer que l’imagination et l’envie de celui qui se revendique une filiation avec l’insolite Arthur Cravan, autre artiste boxeur, ami de Duchamp et de Picabia, qui disparut dans les eaux du golfe du Mexique, ne disparaissent pas aussi vite que l’excentricité de son illustre modèle et nous mènent sur de nouveaux chemins pleins de fantaisie.
Moi, j’aime cette culture, qui mélange les genres et puise son inspiration dans la vie, au plus profond des racines, celles qui font parler peuples et repères…
Et en ce moment, à Bar le Duc, la panoplie est riche où la culture nous entraîne au musée dans le monde des masques d’Afrique et d’Océanie, à la médiathèque dans le monde des chants des enfants du Monde, à l’ACB, où éclatent les couleurs, et ici, avec Expressions, qui s’efforce de toujours nous offrir d’autres images, insolites mais toujours surprenantes, à travers le regard d’artistes plein de talents…"
Pluie de dollars, monde de
bookmakers... mais aussi cet argent qui conduit le monde...