1945... Soixante-quinze ans après... un anniversaire en demi-teinte.
Ce devait être un grand moment de souvenir partagé, une occasion de remettre en actualité cette date charnière qui a vu le monde retrouver une forme d'espérance.
Mais voilà, en présence d'un ennemi singulier, nous avons dû commémorer à la sauvette. Organisation réglementaire oblige, la cérémonie s'est déroulée dans un cadre officiel strict, sans public, sans représentant des associations mémorielles, pour lesquelles ce fut un déchirement de se voir exclues d'un moment si important.
Cet évènement, qui aurait dû revêtir un véritable esprit de communion autour de valeurs partagées, a été réduit à quelques minutes de présence de trois élus (maire, député, président du CD) auprès du préfet et d'un jeune porte-drapeau.

Après cette "officielle", j'ai tenu, en compagnie de quelques amis, respectant l'obligation de distanciation sociale, à déposer au pied du monument un bouquet aux trois couleurs, en souvenir de tous ceux qui ont traversé ces années terribles, de ceux qui ne sont jamais revenus, de ceux meurtris dans leur chair et leur âme, des familles déchirées, des destins brisés par une horrible entreprise d'extermination, fondée sur la haine, l'extermination raciale, la xénophobie, planifiant le massacre organisé de tous ceux qui s'opposaient à la seule folie d'un homme.
Le 8 mai 1945, à 23h01, à Berlin, au cœur du Reich en ruine, est signé le second acte de capitulation de l'Allemagne nazie. Seul le bruit des plumes sur le papier déchire le silence. Signature qui acte la fin des combats en Europe. C'est la fin annoncée d'une tragédie qui a duré près de six années, entraînant près de 65 millions de morts. La paix peut de nouveau prendre forme, attendant les derniers évènements tragiques qui se déroulent à l'autre bout du monde. Pendant que se perpètrent, ce même jour, une série de massacres, de l'autre côté de la Méditerranée à Sétif... Mais cela est une autre histoire, qui est aussi, malheureusement, notre histoire...
Le 8 mai, c'est le moment de se souvenir... Que restera-t-il de ce 8 mai au sein de la mémoire collective barisienne? Rien, ou si peu, un article dans la presse...
Dans tant de petites communes, certains maires ont fait preuve d'imagination, utilisant des moyens originaux pour partager ce moment important et faire participer, même à distance, la population...
