Le Mur du Chemin du Terme
Ami de randonnée, coureur de grand chemin,
De ce mur de vieilles pierres, sais-tu la belle histoire ?
Il est, depuis les temps, gardien de nos mémoires,
Et il veille à Trémont, si loin que m'en souviens.
Vignerons, journaliers ou simples chemineaux,
Il a vu, sur sa sente, passer labeur et vie,
Tout au gré des saisons, des lunes et des nuits,
Lointains jours qui s'égrainent, au doux fil de la Saulx.
Aux chaleurs des étés, quand dardent les rayons,
Se nichent dans ses creux, abeilles ou bourdons,
Se glissent dans son ombre, scarabées ou lézards,
Tout un petit royaume, délicat tintamarre.
Et du merle effronté à l'étourneau coquin,
Résonnent pépiements, trissements et stridules,
Enivrés de parfums de pomme ou de raisin,
Tout un petit monde, secret conciliabule.
Des vignes mordorées, descendent gravement,
Lourdes hottes d'osier, qui versent avec soin,
Aux tombereaux rustiques, leur pannetée de grains,
De si précieux rubis, pour le vin de printemps.
Dans les reflets diaprés des premiers bancs de brume,
Se love pour l'automne le mur aux pierres blondes,
Attendant premiers frimas, ou fins flocons de plume,
Voyant ainsi roussir, feuillages à la ronde.
Et les galoches sonnent, claquent sur le sentier,
Gamins en noirs sarraus, regagnent en traînant,
Et la classe sombre qui déjà les attend
Et ses odeurs de craies, d'encres et de papier.
D'un blanc et froid manteau, le mur alors frissonne,
Et pour un temps s'endort, n'accueillant pour l'hiver,
Que bises et cristaux, alors que s'époumonent,
Les fripons bataillant dans la neige légère.
La douceur revenue, la nature s'éveille,
Primevères et coucous et s'étirent et sourient,
Le mur de pierres sèches retrouve ses merveilles,
Un chant, une brise, un souffle, nouvelle vie...
Chantent les pinsons, et roucoulent tourterelles,
Refleurit l'aubépine dans les haies et bosquets,
Et des jeunes amours s'y jurent en secret,
Des serments si doux qui fuient à tire d'aile.
Le mur en a vu, le mur peut vous en dire encore et encore...
Des berges de la Saulx aux lointains rivages de Roumanie ou d'Estonie...
Pour une amitié intemporelle, le mur les a réunis...
Des blessures du cours du temps, le mur revit...
Et de ces temps nouveaux, il pourra nous dire encore et encore...
Diana ANDRE
Trémont sur Saulx
le samedi 25 juillet 2009