La chapelle du Lycée Poincaré... des souvenirs très différents selon les générations émergent et refont surface... En effet, depuis sa fonction initiale, qui a vu s'y dérouler moult célébrations religieuses, le local s'est mué, par la magie des architectes et la désaffectation du lieu en une superbe salle disponible pour des activités diverses, dont des expositions remarquables. Celle qui actuellement occupe plateaux et cimaises rend hommage à la famille Michaux, une histoire de Barisiens, liée à l'histoire du vélo.
A l'occasion de la semaine fédérale du cyclotourisme qui se déroulera à Verdun à partir du 2 août, Bar le Duc a déroulé le tapis rouge (et ce n'est pas une vaine expression!) à la destinée peu commune des Michaux.
Parmi d'autres collectionneurs, Jean-Michel Althuser, grand fana de vélo devant l'éternel, a participé à l'exposition en prêtant des modèles originaux issus de ses collections. Il suffit d'un tour de pédale pour remonter le temps et s'immerger dans le monde du XIXème siècle, au temps de la draisienne, véritable machine à courir...
A partir de là, naît la vélocipédie, dans les années 1860. D'une draisienne en réparation, Pierre délègue à son fils Ernest le soin de faire des essais pour tester la roue avant. Celui-ci imagine d'y adjoindre des repose-pieds, inspirés avec l'aide de son père, d'une manivelle. C'est le début de l'aventure! Cadre allégé, frottements réduits, installation d'un système de frein... le vélocipède est né!
En 1861, Michaux ne fabrique que deux vélocipèdes... mais, six ans plus tard, la nouvelle usine peut en produire 200 par jour!
Les améliorations s’enchaînent et le vélocipède connaît un succès rapide malgré son prix très élevé. Promoteur d'une nouvelle discipline sportive nommée vélocipédie, la famille souhaite développer son entreprise. C'est pourquoi Pierre s'associe aux frères Olivier, qui sont industriels à Saint-Etienne, et vont standardiser la fabrication. Gagnant en importance dans l'affaire, ils finissent par racheter le nom « Michaux » comme marque déposée et le 15 juin 1869 Pierre Michaux cesse d'avoir des parts dans la nouvelle société, nommée Compagnie parisienne de Vélocipède. Se profile alors la ruine...
Malgré ses engagements, Pierre fonde le même jour une société Michaux et fils et se fait logiquement attaquer en justice par les frères Olivier.
Avec la guerre de 1870 et le siège de Paris en septembre, la production est stoppée et l’on peut considérer que cela signe la fin de l’épopée Michaux, mais pas celle du vélo.
1861... 2011... cent cinquante ans de vélo, que nous fêterons l'an prochain...
L'Office du Tourisme s'est donc mis au goût du jour, avec un peu d'anticipation! Avec l'aide du service du patrimoine de la ville de Bar le Duc et des collectionneurs de la cité, s'est mise en place cette rétrospective avec de superbes modèles, de la draisienne au tricycle à levier, en passant par de grands bis, cinq modèles des Michaux trônent, royaux, sur le velours rouge!
De nombreux documents d'archives rappellent la fabuleuse aventure de ces nouveaux engins, des collections de timbres, des photos, des croquis, des affiches, dont une rappelant que la première course de vélo eut lieu à Bar le Duc le 15 août 1869, jour de la fête nationale (de l'Empereur!), avec au programme courses de vitesse et course de lenteur(!), sauts de barrières (sic!)...
Extrait du règlement:
Article premier: Par mesure de prudence, il ne sera pas permis de courir sans avoir le bas du pantalon retenu dans des guêtres ou olié au bas de la jambe.
Article 3: Sera mis hors de concours 1° celui qui croisera un concurrent ou le gênera d'une manière quelconque 2° celui qui dans les courses de lenteur mettra pied à terre ou augmentera les distances par des zigzags et 3° celui qui dans les mêmes courses, n'aura pas retiré la chaîne ou la corde du frein.
Une réalisation à voir jusqu'au 29 août du mercredi au dimanche, de 14h00 à 19h00.