Ce dimanche, c'était l'épreuve de vérité pour tous les courageux qui avaient accepté de se consacrer à leur art devant les promeneurs, nombreux en ce beau jour de septembre. Car il faut avoir un certain cran pour poser son chevalet au détour d'un chemin, au bord d'un pont ou à l'ombre d'un bosquet, là où tout un chacun peut venir admirer critiquer à son aise l'oeuvre naissante!
Des coups de pinceaux avertis aux traits plus hésitants, tout flâneur pouvait à loisir contempler et comparer paysage et tableau! Et la lumière changeante ne facilitait pas le travail de l'artiste, car les petits nuages et le vent s'ingéniaient à perturber la délicate harmonie qui tentait de rivaliser sur la toile avec dame nature, vêtue de ses plus beaux atours, emmenée par la Saulx, reine d'un jour.
Ce sacré soleil n'avait pas daigné interrompre sa course céleste et les ombres prenaient un malin plaisir à disparaître ou à s'étirer au fil des heures.
De blonde et claire au petit matin, la pierre se métamorphosait, se teintant de sombre et de sienne. Les feuillages, agités sans cesse d'une brise légère, chantaient en murmures bruissants. Et que dire de la Saulx, qui n'en fait toujours qu'à sa façon, d'ailleurs déjà chantée il y a quelque temps (La saulx et les peintres).