Beau week end de début juillet à Rosières.
C'est l'époque de la groseille, la jolie baie qui éclaire de sa lumière rouge les buissons de nos jardins!
Mais c'est aussi pour elle l'occasion de se joindre à ses compagnes pour terminer dans le gros chaudron de cuivre, noyée dans un bain de sucre!
Avant cette ultime étape, entrent en scène les cueilleuses bien sûr, mais aussi, et cela est moins connu, les épépineuses!
Munie de la plume d'oie traditionnelle, chacune, de ses doigts experts, prélève, selon le geste ancestral, le pépin gêneur, celui qui reste sous la dent, celui qui taquine la gorge!
Chaque grain de groseille pouvant en receler plusieurs dizaines, c'est un long travail de patience que de les extraire habilement, en prenant garde de ne pas blesser le fruit, de ne pas déchirer la délicate enveloppe, laissant la jolie groseille à sa rondeur d'origine.
Dos courbé, les épépineuses (et parmi lesquelles s'est glissé un épépineur!) s'appliquent, papotant autour de la table, se racontant les dernières blagues ou s'échangeant les dernières recettes...
Les plus jeunes ne sont pas les moins assidues, qui se plient avec bonne humeur à la tâche!
Et comme il ne faut rien perdre du jus ou de la pulpe qui seraient restés autour des pépins, ceux-ci sont pressés afin de recueilir encore un peu du suc précieux qui ne voudrait pas s'en détacher!
Plongées dans un sirop de sucre
bouillonnant, à la juste température, les baies sont versées d'un coup dans la bassine de cuivre.
Et sans les remuer, l'artiste en confiture, attend patiemment que l'écume recouvre entièrement la surface.
Une écume d'un rose soutenu, qui embaume...
L'écumoire alors prélève la mousse sucrée et la réserve pour les premiers gourmands qui se pressent autour du feu.
Après le troisième bouillon, la confiture est retirée du feu et refroidie aussitôt sur un lit de glace.
La dernière étape, celle qui voit la mise en pots, c'est l'épreuve de vérité pour le regard!
Car dans la verrine, la couleur et la transparence doivent être parfaites, à peine
ombrées par les peaux ténues des grains...
Le pot vite fermé et retourné n'a plus qu'à attendre l'ultime sentence, celle qui passe par les papilles, celle qui dira si, comme autrefois, les expertes de Naives-Rosières ont su transformer la baie barisienne en suave caviar...
A voir, une petite vidéo, illustrée par la poésie d'André Theuriet...