Gargouille…
Gargouille, tu n’es plus de fonte, mais de terre…
Les doigts agiles et opiniâtres te modèlent et te lissent,
Les doigts agiles et opiniâtres te roulent et te pétrissent.
Petit à petit, de la motte lourde, tu te révèles, créature imaginaire,
Ramassée et prête à bondir, gueule béante et regard exorbité.
De lointaines ancêtres, tu retrouves le profil patibulaire.
Ressuscitant en notre esprit vagabond les vieilles chimères,
Celles qui n’ont d’utilité que celle de la curiosité.
Sur l’établi du céramiste, tu trônes irréelle et torturée…
Tes joues molles et tes oreilles flasques,
Bientôt les flammes de l’enfer les cuisent pour l’éternité,
Te scellant, en un gémissement crépitant, sous ton ultime masque.
La chaleur du four te fige et te tord en un dernier soubresaut.
Mais de cette épreuve, ton profil apparaît, brut et beau.
Les Comblais s’amusent de te voir, débonnaire,
Revisiter façades rugueuses et murs de pierre.
Ponctuer d’insolite les rues du village,
Simuler des histoires venues du fond des âges.
Le visiteur, venu d’autres contrées, s’interrogera…
Curieux, levant les yeux,
Quel est donc cet étrange lieu ?
De retour en ses terres,
A ses semblables racontera…
Combles, ses gargouilles et ses chimères…
Diana ANDRE
Combles en Barrois le 24 juin 2012