Lu ce matin dans l'Est Républicain, un article qui fait bondir tous ceux qui défendent bec et ongles l'enseignement public.
Qu'elles soient hors contrat ou sous contrat, on assiste à une opération sans précédent de l'encouragement aux écoles privées. Le démantèlement de l'école publique se poursuit sans équivoque.
Education Les sommes versées à certaines fondations permettent d’obtenir des déductions fiscales.
L’Etat aide les écoles hors contrat
Intégristes catholiques, orthodoxes juifs, parents intéressés par une pédagogie alternative, les écoles hors contrat se comptent désormais par centaines en France et plusieurs milliers d'élèves les fréquentent. Leurs promoteurs vantent leur liberté totale et ne veulent surtout pas que l'État mette le nez dans leurs affaires.
Une de ces écoles a défrayé la chronique au printemps, avec lors de la diffusion d'un numéro de l'émission de France2 « Les infiltrés ».
Par le biais de la Fondation pour l'école ou l'Association pour la défense de l'école catholique (Adec), les donateurs peuvent obtenir des déductions fiscales de 60 % du montant de leur versement dans le cadre de l'impôt sur le revenu et de 75% dans le cadre de l'impôt sur la fortune. L’Adec permet de financer les écoles des catholiques intégristes. L’une d'elles, qui regroupera des élèves du primaire, pourrait ouvrir à la rentrée prochaine à Nancy.
Créée par une énarque, Anne Coffinier, la Fondation pour l'école a été reconnue d'utilité publique en seulement un an, un record, par un décret signé François Fillon.
Issue du réseau « créer son école », qui explique comment créer une école indépendante, cette fondation regroupe 600 établissements dont ceux de cette même mouvance catholique intégriste.
La niche fiscale finance donc les écoles hors contrat, au détriment de l'école publique.
Une rallonge budgétaire pour le privé
Côté écoles privées sous contrat, la fondation Saint-Matthieu bénéficie des mêmes avantages. Reconnue d'utilité publique en février dernier, elle a « pour mission de concourir aux besoins d'investissement de nature immobilière » des établissements catholiques sous contrat. La députée de Gironde, Michèle Delaunay s'en est émue dans une question écrite au ministre de l'Intérieur et des cultes.
Parallèlement, le Sénat vient d'accorder une rallonge budgétaire de 4 millions d'euros à l'enseignement privé, pris sur le budget de l'enseignement public.
L’an prochain, sur 16.000 suppressions de postes dans l'éducation nationale, 1633 concerneront le privé, alors que celui-ci accueille 20 % des élèves.
De l'aveu même de Gérard Longuet, le sénateur de la Meuse, « compte tenu de son poids réel, l'enseignement privé est proportionnellement moins sollicité ». Avec ces 4 millions, le privé peut financer 250 postes.
Patrick PEROTTO