La retraite...
Fermer son cahier, ranger ses crayons, effacer une dernière fois le tableau, tirer doucement la porte… Laisser derrière soi, les babillements et les conciliabules, les fous-rires et les rouges colères, le raclement des chaises sur le parquet et les petits pieds qui se balancent, les gros chagrins et les petits bobos, les sourires d’aise et les lettres malhabiles, les visages tendus d’effort et les yeux pleins d’espoir, les dessins maladroits et les doigts tachés d’encre, les peintures renversées et les crayons à tailler, les nez qui coulent et les larmes de détresse, les petites dents qui bougent et les genoux écorchés, la feuille d’automne et les coucous du dimanche offerts comme des trésors, les chuchotements derrière le dos et les bousculades dans les rangs, les un deux trois soleil et la castagne organisée, les petits poings levés et les poches pleines de neige, les billes gagnées et les pages cornées, les couettes dansantes et les miettes dans les cartables…
Tirer la porte… pour un autre monde… un monde où soudain, on se prend à flâner, à regarder le rouge du levant, à savourer son café… un monde où, soudain, l’oiseau pépie et la feuille bruit en virevoltant, dans les parfums de pommes et les brouillards de l’aube… le nouveau septembre tend les bras, avec bientôt ses incarnats et ses mordorés, ses balades dans les bois et ses promesses de renouveau…
Tirer la porte… pour un autre monde… à chacun son monde, à réinventer, pour une nouvelle vie, un nouveau chemin… les jardins oubliés et les livres qu’on n’a jamais lus, les amis qu’on a délaissés et les paysages à découvrir, les fêtes à savourer et soi-même à penser… une nouvelle vie, un nouveau chemin…
Bonne, heureuse et longue retraite, Christiane et Marie-Pierre!