Dès l'aube frileuse, Combles, tout juste éveillé,
A poudré chemins, sentiers et autres ruelles,
A ravivé toits, façades, balcons et tonnelles,
Dans le frais soleil, a déployé ses attraits.
Prés et bosquets enchâssent et de vert et d'or
Le petit bourg nimbé de lumière si douce,
Que l'ocre terreuse de ses vieux murs colore,
Et où parfois, finement, se niche la mousse.
De brume légère, s'élève si charmant village,
Que peintres et créateurs, y ont installé
Et chevalets et tabourets pour dessiner
Les jolis détours de ce plaisant paysage.
Tranquille et gai promenoir où vont les flâneurs,
De l'ombre de la grange à la moussue fraîcheur,
A la clarté d'une charmille, c'est un musée
Qui s'est ainsi harmonieusement déployé.
Du vert talus, à l'allée joliment fleurie,
Les pinceaux ont tracé lignes et couleurs,
Posant sur la toile de lin l'antique puits,
La vieille masure ou la délicieuse fleur.
Chargés de tant de souvenirs, murets de pierres
Comme pris au piège de ces aquarelles légères,
De ces huiles délicates, reposent désormais
Sur de précieux vélins ou fragiles feuillets.
Voilà l'huis grinçant de la grange centenaire,
Le buis vernissé, et la lourde jardinière,
Couchés nonchalamment dans les rayons changeants
Ou le pur chatoiement de l'émail éclatant.
Couleurs dérobées à la glycine fondante,
Parfums happés à la pivoine chantante,
Se sont glissés avec une douce harmonie,
Dans les épures, les gouaches ou les lavis.
Les regards curieux n'auront pourtant pas percé
Le secret des encres aux transparences claires,
Le mystère des senteurs colorées des bouquets,
L'énigme des corolles tremblantes de lumière.
Chevalets repliés, toiles rangées, les granges sont closes,
L'astre d'or a baissé ses paupières, le parfum de la rose,
S'abîme dans l'air du soir, la pénombre étend son voile,
Et le village s'endort, rêvant de couleurs et d'étoiles.
Diana ANDRE
Combles en Barrois, le 21 juin 2009