Moi, Princesse, la petite ânesse
Moi, Princesse, la petite ânesse,
Dans les frimas, dans la grisaille,
L'an finissant, début décembre,
L'on vient me tirer de ma chambre,
De mes si doux ballots de paille,
Ce n'est plus l'heure que de la presse.
C'est pour faire tapisserie
Devinez où, auprès de qui?
Où royalement se pavane,
Devant de tout petits profanes,
Sa si divine seigneurie,
Avec toute sa caravane,
Cette lointaine et belle image,
Sortie d'une drôle d'histoire,
Où pataugent dans un saloir
A l'issue d'un triste voyage
Trois misérables galopins
Pris par un sinistre gredin.
Moi, Princesse, la petite ânesse,
Je dois me plier aux caresses
Je sers alors de faire-valoir,
A ce grand homme qui soi-disant,
A tiré de cet abattoir,
Les trois coquins de sacripants.
Pain sec, pommes et autres carottes,
Il faut donc que je lèche-botte
Pour que brille de mille feux
Le vieux saint à la barbe blanche,
Qui lance en des effets de manche
Des bonjours d'un ton doucereux.
Souvent je gratte du sabot,
Mais pourtant, au seigneur, je laisse
Et les honneurs et les chansons,
Que fredonnent les enfançons
Endormis par les jolis mots.
Enfin, le moment attendu,
Où toute cette mascarade,
Trouve pour le compte une issue,
Alors, salut, mes camarades,
Je file, trêve de politesses,
Moi, Princesse, la petite ânesse.
Diana ANDRE
1er décembre 2008