30 août 2008
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Après une cérémonie commémorant la mort de Marie Louise Caron à Trémont, j'ai participé à la commémoration des massacres perpétrés à Robert Espagne le 29 août 1944. Au milieu d'une foule d'anonymes, de nombreuses personnalités étaient présentes, au côté des représentants des mouvements patriotiques. Après l'allocution de Monsieur Luc Fleurant, maire de Robert Espagne, j'ai tenu à rendre hommage à ma façon, à ces hommes fauchés par l'atrocité de la guerre et à ces habitants de Robert Espagne qui ont tout perdu en cette sinistre journée d'été.
En ce midi du 29 août, un soleil radieux baigne la vallée. Ce matin, des transports de troupes se sont installés plus bas, mais ce n'est qu'une étape dans le repli, cela ne va pas durer... L'atmosphère est sereine, la France va redevenir libre, tout le monde en est sûr...
Des hommes vont mourir...
La vie est là, l'eau de la Saulx chante sur les cailloux et baigne les vertes rives, les gouttelettes s'accrochent aux herbes de la berge... Les oiseaux pépient dans les buissons, les bosquets bruissent de mille chuchotements, les sauterelles trissent dans les hautes herbes, la brise caresse doucement les maisons silencieuses... La chaleur pèse sur les rues désertes... Le temps est suspendu...
Des hommes vont mourir...
Derrière les volets mi-clos, le repas se termine. Un coup frappé, une porte qui s'ouvre grand, des ombres de mauvais augure...
Des hommes vont mourir...
Personne ne peut savoir alors... De nouveau une corvée pour les hommes emmenés... Une dernière avant la libération... Sous la menace des armes, ils sont conduits ici... D'autres fuient et se réfugient dans les bois proches.
Des hommes vont mourir...
Femmes et enfants s'abîment en de vaines prières...
Des hommes vont mourir...
Toi l'ami, qui a tout vu, le coeur tétanisé par l'horreur d'être là et non parmi eux, tu n'auras de cesse de te dire, pendant des années, pourquoi pas moi...
Des hommes vont mourir...
Toi, la mère aimante, toi le père attentionné, toi la compagne chérie, toi le fils aimé, toi la fille adorée, tous usés par ces années d'attente, vous espérez...
Mais, à quinze heures, tout est dit...
Des hommes sont morts...
Vos foyers ne sont plus que cendres fumantes, pierres noircies, derniers restes de la folie meurtrière d'hommes en déroute, ivres de vengeance...
Des hommes sont morts...
Ailleurs, se répandent les clameurs de joie et sonnent les cloches gaiement à toute volée...
Ici, des hommes sont morts...
Ici, sourd le tocsin qui bat encore et encore...
Des hommes sont morts... sacrifiés sur l'autel de la haine...
Le soleil est toujours là, rayonnant, la Saulx roule toujours ses eaux claires, les gouttelettes s'accrochent toujours aux herbes de la berge...
Effondrés par la douleur, votre coeur est en lambeaux, vos êtres chers ne sont plus, le désespoir est là...
Aujourd'hui, rassemblés dans un même élan, nous revivons ces instants tragiques, qui resteront à jamais gravés dans la mémoire commune.
Sur cette terre ensanglantée, devant ces poutres calcinées, rares vestiges de cette douleur indicible, hommage et respect à ces hommes victimes de la barbarie humaine...
Enfant d'aujourd'hui, qui foule insouciant les rues de ton beau village, sais-tu la souffrance de tes aînés? Sais-tu les efforts accomplis pour continuer à vivre?
Enfant d'aujourd'hui, garde-toi de te laisser séduire par le chatoiement des armes, garde-toi de te laisser envoûter par le grondement du canon ou le son de la mitraille... Savoure à pleines dents la paix qui t'est offerte et dont tu dois entretenir la minuscule flamme, bien fragile, que d'autres voudraient bien éteindre. Respire à pleins poumons la vie que tes aînés ont construite... Amour et respect, pour l'avenir de cette paix, que tes aînés t'ont léguée, amour et respect...
Amour et respect...
Aujourd'hui, soleil voilé, mais coeurs apaisés, la Saulx roule ses eaux claires, les gouttelettes s'accrochent aux herbes de la berge... Les oiseaux pépient dans les buissons, les bosquets bruissent de mille chuchotements, la brise nous caresse, la vie est là...
Diana ANDRE
Des hommes vont mourir...
La vie est là, l'eau de la Saulx chante sur les cailloux et baigne les vertes rives, les gouttelettes s'accrochent aux herbes de la berge... Les oiseaux pépient dans les buissons, les bosquets bruissent de mille chuchotements, les sauterelles trissent dans les hautes herbes, la brise caresse doucement les maisons silencieuses... La chaleur pèse sur les rues désertes... Le temps est suspendu...
Des hommes vont mourir...
Derrière les volets mi-clos, le repas se termine. Un coup frappé, une porte qui s'ouvre grand, des ombres de mauvais augure...
Des hommes vont mourir...
Personne ne peut savoir alors... De nouveau une corvée pour les hommes emmenés... Une dernière avant la libération... Sous la menace des armes, ils sont conduits ici... D'autres fuient et se réfugient dans les bois proches.
Des hommes vont mourir...
Femmes et enfants s'abîment en de vaines prières...
Des hommes vont mourir...
Toi l'ami, qui a tout vu, le coeur tétanisé par l'horreur d'être là et non parmi eux, tu n'auras de cesse de te dire, pendant des années, pourquoi pas moi...
Des hommes vont mourir...
Toi, la mère aimante, toi le père attentionné, toi la compagne chérie, toi le fils aimé, toi la fille adorée, tous usés par ces années d'attente, vous espérez...
Mais, à quinze heures, tout est dit...
Des hommes sont morts...
Vos foyers ne sont plus que cendres fumantes, pierres noircies, derniers restes de la folie meurtrière d'hommes en déroute, ivres de vengeance...
Des hommes sont morts...
Ailleurs, se répandent les clameurs de joie et sonnent les cloches gaiement à toute volée...
Ici, des hommes sont morts...
Ici, sourd le tocsin qui bat encore et encore...
Des hommes sont morts... sacrifiés sur l'autel de la haine...
Le soleil est toujours là, rayonnant, la Saulx roule toujours ses eaux claires, les gouttelettes s'accrochent toujours aux herbes de la berge...
Effondrés par la douleur, votre coeur est en lambeaux, vos êtres chers ne sont plus, le désespoir est là...
Aujourd'hui, rassemblés dans un même élan, nous revivons ces instants tragiques, qui resteront à jamais gravés dans la mémoire commune.
Sur cette terre ensanglantée, devant ces poutres calcinées, rares vestiges de cette douleur indicible, hommage et respect à ces hommes victimes de la barbarie humaine...
Enfant d'aujourd'hui, qui foule insouciant les rues de ton beau village, sais-tu la souffrance de tes aînés? Sais-tu les efforts accomplis pour continuer à vivre?
Enfant d'aujourd'hui, garde-toi de te laisser séduire par le chatoiement des armes, garde-toi de te laisser envoûter par le grondement du canon ou le son de la mitraille... Savoure à pleines dents la paix qui t'est offerte et dont tu dois entretenir la minuscule flamme, bien fragile, que d'autres voudraient bien éteindre. Respire à pleins poumons la vie que tes aînés ont construite... Amour et respect, pour l'avenir de cette paix, que tes aînés t'ont léguée, amour et respect...
Amour et respect...
Aujourd'hui, soleil voilé, mais coeurs apaisés, la Saulx roule ses eaux claires, les gouttelettes s'accrochent aux herbes de la berge... Les oiseaux pépient dans les buissons, les bosquets bruissent de mille chuchotements, la brise nous caresse, la vie est là...
Diana ANDRE