Après la lecture du message de Monsieur Bockel, Secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants, faite par Monsieur Fleurant, Maire de Robert Espagne, message insipide et sans contenu fort s'il en est (du moins à mon avis!), j'ai tenu à faire la courte allocution suivante.
Je pense qu'une commémoration n'est lourde de sens que si l'on en tire un enseignement utile et nécessaire à une vie meilleure pour tous.
Malgré le temps et les pages d’histoire, saurons-nous jamais vraiment comprendre ce qui a dérapé ? Saurons-nous jamais ce qui a germé dans l’esprit des hommes ?
Saurons-nous jamais comprendre ce qui a permis à l’horreur totalitaire et concentrationnaire d’exister, ici en France et dans l’Europe du 20e siècle ?
Saurons-nous jamais comprendre que l’un des mécanismes de la haine, c’est celui de l’engrenage et de la complaisance à l’égard de l’inadmissible : la croyance en l’inégalité des races.
Aujourd’hui, nous commémorons la fin de cette guerre. Une guerre qui, comme toutes les guerres, n’aurait jamais dû être.
Cette guerre qui visait à détruire l’homme comme être humain en triant parmi eux les purs et les impurs, les aptes et les inaptes, les seigneurs et les serfs.
Cette guerre qui visait à détruire le propre de l’homme, ce qui le singularise, sa sociabilité, son appartenance à une communauté qui rassemble toutes les autres, la communauté humaine.
Cette guerre qui visait à détruire les histoires et les identités des peuples pour y substituer par la force, la terreur, le crime de masse et le génocide, un « homme nouveau » prétendument parfait, indiscutablement supérieur à tous les autres, à ceux qui devaient se plier et se soumettre.
Le sacrifice de cinquante millions d’hommes et de femmes sur cet autel de la haine est une indicible tragédie.
Une tragédie dont on doit se souvenir.
Un devoir de mémoire pour nous adultes responsables de la société d’aujourd’hui.
Un devoir de mémoire pour vous, enfants d’aujourd’hui, les femmes et les hommes de demain.
Un devoir de mémoire pour mettre un terme à cette logique institutionnelle d’exclusion, de haine et de xénophobie.
Un devoir de mémoire pour que vive la démocratie.
Car une démocratie ne s’accommode pas d’une stigmatisation de la haine de l’autre.
Car une démocratie ne s’accommode pas de l’exacerbation des différences.
Car une démocratie ne s’accommode pas des petits arrangements avec les consciences.
Car une démocratie ne s’accommode pas de la flatterie des plus grands.
Car une démocratie ne s’accommode pas du mépris des plus humbles.
Dans une société qui souffre, il est plus commode de désigner des boucs émissaires que de s’interroger sur les causes du mal être économique et social.
Il faut « écraser le serpent dans l’œuf », disait Berthold Brecht.
C’est bien cela, la première leçon de l’histoire que nous devons tirer.
C’est cela, notre devoir contemporain, notre devoir de chaque jour.
Ne pas laisser le moindre espace au racisme, à la stigmatisation des étrangers, à la désignation des plus faibles et des plus pauvres comme responsables de nos maux.
Ne pas nous taire face à la barbarie qui a cours aujourd’hui encore, là où les caméras de télévision comme les diplomaties n’approchent pas.
En ce jour, nous rendons hommage et nous perpétuons le souvenir de ceux qui ont combattu la bête immonde.
Et ce moment qui nous réunit doit nous faire réfléchir sur la responsabilité de nos actes, de nos décisions, des chemins que nous prenons.
Pour que vivent les principes fondateurs de notre République.
Pour que vive la paix.
Pour que vive la justice.
Pour que vive la laïcité.
Pour que vive la liberté.
Pour que vive l’égalité.
Pour que vive la fraternité.
Merci.