Nouvelle conseillère communautaire, installée ce 22 février 2018, j'ai lancé les "hostilités" lors du DOB présenté par le vice-président aux finances de la communauté d'agglomération Meuse Grand Sud.
Qu'est-ce qu'un DOB, sinon l'expression d'un débat autour des orientations budgétaires, comme son nom l'indique? C'est l'occasion, a priori, d'échanger sur certaines décisions proposées (donc prises!) par l'exécutif de la collectivité. Or, comment débattre sans évoquer les projets, sans pointer du doigt des désaccords, sans émettre des interrogations sur des décisions prises auparavant et qui engagent immanquablement l'avenir?
Car le document présenté à l'assemblée décline avec plus ou moins de précision des situations actuelles, suite à des engagements passés, des poursuites d'actions ou des projets nouveaux liés à des besoins que l'exécutif juge d'intérêt. Et c'est là que le "débat" coince... puisqu'il n'est pas question d'entrer dans les détails et surtout pas d’appeler à des réponses ou tout au moins à des explications ou à des apports de précisions. On est donc rappelé à la "raison", le DOB ne devant être qu'un débat "politique"... mais qu'est-ce donc que faire de la politique, si ce n'est s'interroger, demander des justifications de certains investissements, de crédits de fonctionnement, bref, de s'intéresser aux choix politiques de l'exécutif?
Alors, effectivement, le déroulé de mon intervention énerve un tant soit peu, après l'énoncé dithyrambique et plein de contentement de soi, du VP, relatant avec complaisance et satisfaction, un retour à l'équilibre, une santé financière retrouvée, une capacité d’investissement, des dépenses contenues, bref… rien que de très normal de la part d’un exécutif. Le tout étayé d’exemples, car effectivement, celui-ci peut, lui, évoquer des sujets précis et concrets…
Je ne vais pas reprendre ici tout mon exposé, mais évoquer quelques points.
Le futur contrat de développement du territoire lié à CIGEO me laisse très circonspecte. Le sud meusien fonde beaucoup d’espoirs sur ce projet, ce qui laisse entrevoir de belles désillusions, à l’image de celles qui plombent le territoire proche de Montiers sur Saulx, complètement délaissé et déserté. On se rend compte, qu’au fur et à mesure des études qui sont menées, des études qui ne sont pas menées et devraient l’être, des interrogations de scientifiques dignes de foi qui commencent à être entendues, que ce n’est pas forcément la bonne entrée, au sens propre comme au sens figuré, pour une attractivité annoncée.
En ce qui concerne le nouvel EHPAD, à l’occasion d’une demande de précision quant au financement qui, sur le papier, ne semble pas encore être très sûr, une réponse sans ambiguïté de Danielle Bouvier, présidente du CIAS, qui s’inscrit en faux et affirme que les travaux vont commencer sur le terrain de la Sapinière… à bon entendeur, salut…
La salle multifonctions va sortir de terre… j’ai évoqué l’ancienne station OIL, non dépolluée, achetée à 60 000 €… Alain Hauet, vice-président au développement économique, chiffre la dépollution à 160 000 €. Mais nous n’avons pas réussi à savoir si ce coût était englobé dans les prévisions à 8 000 000 € ou 10 000 000 €… on ne sait plus trop…
Les fonds de concours, qui permettent aux communes de financer certains projets propres, sont liés à l’enveloppe générée par le GIP Objectif Meuse, qui se retrouve dans le document au conditionnel. Faut-il rappeler que le règlement du GIP est très intimement lié à la gouvernance du Conseil Départemental…
Le terrain du Hall des Brasseries… plusieurs projets arrivent à maturité… lesquels ? Mystère… Mais, patience, quand le fruit sera mûr, il tombera…
Une interrogation concernant la médiathèque Jean Jeukens, puisqu’au détour des paragraphes, on découvre la « non adéquation du bâtiment avec ses activités et l’efficience de sa gestion ». Gérad Fillon, vice-président à la culture, accepte d’évoquer le sujet en posant trois solutions : supprimer la médiathèque…, engager des travaux conséquents dans le bâtiment actuel…, construire une nouvelle médiathèque…
Quant à l’action économique, on note qu’il est chiffré à 1 463 498 €, sans déclinaison précise.
Incubateur d’entreprises et FABLAB, dispositifs dont on se gargarise, mais qui peinent à voir le jour, un comble pour un incubateur…
Quand on aborde les zones d’activités et les réserves foncières, je m’interroge et évoque le lourd dossier de la zone de Trois Fontaines. La signalétique va être posée, les artisans l’attendent depuis … Sont notés les travaux relatifs à la défense incendie qui seront réalisés au 1er semestre 2018… on est un peu « à côté de ses pompes », si on considère que le rapport a été voté par la collectivité le 16 juin 2016. Deux ans et demi pour concrétiser… enfin, peut-être…
Ce dossier traîne sous les piles des bureaux de la CA depuis des années. L’adduction d’eau potable n’est pas envisagée dans ce projet d’action économique. Elle était pourtant effleurée dans le rapport de 2016.. L’étude de maîtrise d’œuvre pour la réalisation des travaux lancée par l’ancienne mandature, prévoyait, en octobre 2014, un calendrier avec le début des travaux en octobre 2016. Sauf que le choix de la nouvelle gouvernance a été de ne pas rechercher de financements, et là, le GIP avait son rôle à jouer, puisque, faut-il le rappeler, son cœur d’existence doit être le développement économique. Sauf que toutes les attentions sont concentrées sur la vallée de l’Ornain. Jean-Pierre Rylko, 1er vice-président, botte en touche en faisant état d’absence d’entreprises qui voudraient s’installer sur la zone… forcément, les conditions sont dignes du Moyen-Age…
Si cela ne relève pas d’orientations budgétaires, je « mange mon chapeau »…comme dirait un amoureux du camembert !
Quant au développement touristique, à l’évocation du futur schéma… je n’avais qu’à être présente en commissions… au fait, c’est vrai, je n’étais pas encore élue, remarque avec une condescendance aboutie la vice-présidente au tourisme… on n'est pas plus aimable...
Et si l’on aborde le budget du CIAS, on se rend compte que celui-ci, dont il nous avait été dit que sa situation était catastrophique il y a peu, on constate qu’il est redevenu florissant. Mais est-il toujours prêt à répondre aux besoins des plus fragiles, de ceux qui sont éloignés de tous les dispositifs, soutenus de multiples façons ? On n’en voit pas là encore la traduction.
Quand mon collègue Roland Corrier, qui n’a pas, lui non plus d’informations sur certains points, s’entend répondre « il faut participer aux commissions » et « vous ne communiquez pas entre vous ? »… on croit rêver.
Qu’est-ce que l’objectif d’une séance publique si ce n’est l’évocation de sujets qui intéressent tous les citoyens ? On constate la limite de l’exercice en terme d’expression démocratique.
Lors de l'examen du budget primitif, il nous conviendra donc de revenir avec nos questionnements, quitte à nous entendre dire que nous radotons!
Alors, au final, c’est un DOB qui pose beaucoup de questions laissées sans réponses, qui laisse dans le flou et l’incertitude certains financements, avec un delta surprenant entre le déroulé de Bernard Delvert, vice-président aux finances et le document remis aux conseillers communautaires.
Au travers de cette présentation, voit-on émerger un vrai projet de territoire ? Celui qui est capable de rassembler, de se démarquer ? Un tout, fait de multiples actions, sans réel axe fort de développement, est-il suffisant pour enclencher une véritable dynamique et faire de notre agglomération un territoire attractif, répondant aux besoins de la population, en capacité de susciter l’envie de s’y installer ? Rien n’est moins sûr.