Jules, François, Raymond, César… quatre jeunes hommes pris dans la tourmente de 14…
Quatre jeunes hommes qui ont laissé leur vie pour une certaine idée de la France…
François, 20 ans à un an de l’entrée en guerre, n’imaginait sûrement pas dans sa Bretagne natale, qu’il allait connaître ces lointaines contrées de l’Est, celles que l’on n’évoquait même pas lors des veillées d’alors. Comment se retrouver à Géry ? C’est tout le mystère de cette vie fauchée à un âge où il aurait dû s’adonner à la maraîchine, à la dérobée ou au passe-pied avec sa belle, celle dont le joli visage se cachait sous la coiffe de Taulé. Le sort, hasard de cette terrible tragédie, a voulu qu’il quitte ce monde à Géry, arrière-front de Verdun.
César, ou plutôt, Émile, n’avait pour ambition que ses petits écoliers. Baigné dans l’atmosphère studieuse familiale, il voulait consacrer sa vie aux enfants. Et puis, Émile, il était aventureux ! Des Maisonnettes qui l’ont vu naître, il en a fait du chemin… Géry l’accueille, ce jeune Franc Comtois, du temps où les rues du village résonnaient encore des rires et des cris d’enfants, du temps où grinçait encore la craie sur le tableau noir, du temps où ronflait le poêle au fond de la classe, du temps où, avec insolence rieuse, chapardaient les mômes… Une belle de Longeville a fait chavirer son cœur à Émile… 22 août 1914… quand l’espoir d’un bref conflit dominait encore… disparu pour toujours… jamais retrouvé… ne reste que le souvenir…
Jules, un pur gamin de Géry, celui qui connaissait son village comme sa poche, celui qui savait chaque bosquet du vallon, celui qui connaissait chaque chemin creux, celui qui reconnaissait les oiseaux à leur ramage et gazouillis, celui qui suivait la trace du renard et du lièvre dans les futaies… Jules, qu’est-il donc allé faire à Vienne le Château ? Ce funeste Bois de la Gruerie, de sinistre mémoire, ces confins d’Argonne qui vit tant de vies quitter cette terre…
Raymond, un parcours tragique, celui qui mène de la Meuse à Koenigsbruck, celui qui conduit l’enfant de Géry dans les geôles ennemies. Captivité sans espoir de retour, loin des siens, loin de cette fraîche vallée… captivité peuplée des souvenirs de son village, des lumières de fruitiers en fleurs, des saveurs de baies juteuses, des parfums de mousses, des épines de haies sauvages, des chaleurs douillettes des maisons de pierre, là où se font et défont les belles histoires…
François, César, Jules, Raymond, quatre jeunes gens… de Bretagne ou du Doubs, du pays des vallons, ou du pays des rivages…
Quatre jeunes et beaux jeunes hommes qui voient leur nom gravé à jamais sur ce monument, souvenir dans la mémoire des hommes…
François, César, Jules, Raymond, merci…