Suite à la signature d'un partenariat entre la ville de Bar le Duc et Eric Lengrand, propriétaire du cinéma Le Colisée, certains s'interrogent sur le bien fondé de la démarche. Mise au pot d'une somme conséquente d'argent public et délocalisation relative du complexe.
On lit donc, au fil des réseaux sociaux, des critiques qui fustigent cet accompagnement et, en parallèle, celles qui veulent plus de volontarisme de la collectivité pour prendre en compte les nombreuses cessations de commerce de la cité.
Il est vrai qu'à Bar le Duc, comme dans de nombreuses villes en Lorraine et ailleurs, le phénomène est palpable et donne de la cité une image désolante.
Le départ du cinéma de la rue Notre Dame laisserait à penser que c'est encore un coup dur pour tout le quartier. Certes, c'est une sorte de lieu de vie qui va émigrer. Quelle réflexion a été engagée par le propriétaire des lieux pour son devenir? Vente? Location?
La requalification urbaine du quartier va s'achever avec la rénovation du marché couvert et l'aménagement d'un espace de plein air dédié aux manifestations diverses (installation des camelots les jours de marché, terrasses de café ou toutes autres manifestations festives) qui mettront un point final à cette transformation, en harmonie avec les terrasses de Griesheim, la rue Bar la Ville, la rue Exelmans...
Mais, effectivement, la belle pierre ne fait pas tout. Comment faire en sorte que ce quartier et tous les autres quartiers, ne perdent pas, petit à petit, leur âme, faite de promeneurs, de commerces, de rencontres?
Alors, comment la collectivité peut-elle engager enfin un véritable travail d'accompagnement de la revitalisation du centre ville? On se heurte bien souvent à ce qui a provoqué la désertion de ce centre, l'installation de zones commerciales en périphérie. Ce phénomène est commun à toutes les villes. Un deuxième facteur est le niveau prohibitif du coût de location par des propriétaires qui préfèrent ne pas louer plutôt que de pratiquer un prix raisonnable et donc accessible. Une troisième raison est le contenu du projet lui-même, nécessitant de proposer une offre non concurrentielle à d'autres offres déjà présentes sur la place. Si effectivement la concurrence peut doper l'offre et les affaires, trop de concurrence tue la concurrence. Trouver une "niche", une véritable bonne idée qui se positionne sur un créneau encore inexistant est un véritable challenge que certains ont su relever.
J'entends aussi les esprits chagrins qui parlent du chômage, de logements... Les commerces périphériques fonctionnent, les cafétérias tirent leur épingle du jeu... Quant aux logements sur Bar le Duc, il existe une vacance importante également... Mais sur le sujet on peut s'interroger sur le niveau de fiscalité par rapport aux communes environnantes...
Certains évoquent également le fait que les petits commerces dans les villages fonctionnent mieux, mais là, pas vraiment! Beaucoup ont du mal aussi à résister! Nombre d'habitants préfèrent faire leurs achats dans les grandes surfaces au retour de leur journée de travail.
Actuellement, peuvent surtout se permettre de louer et de s'installer en ville des assurances, des mutuelles, des agences immobilières, des franchises...
Une petite ville, Noyon, dans l'Oise, a expérimenté un accompagnement à destination des commerces du centre ville, le concept de "Boutique à l'essai" pour pallier à la vacance de locaux commerciaux.
Le principe est le suivant : la Ville identifie un local vide et peut en devenir locataire (ceci n’est pas une obligation) en négociant le loyer, elle sous-loue ensuite à un commerçant en proposant un loyer minoré durant la période de test, et se porte garante de ce dernier. La Ville fédère également un réseau de partenaires aptes à le conseiller : banque, assurance, agence de communication, chambres consulaires, association de commerçants...
A l'issue du test, un bilan est fait avec le commerçant. Il pourra soit garder son local, cesser son activité ou poursuivre dans un local dont le loyer sera aussi négocié par la Ville.
Cela suppose de travailler ensemble, avec une véritable envie de ne pas tirer à hue et à dia, mais tous dans le même sens. C'est à construire! Car, il ne suffit pas de décréter, encore faut-il agir et vite! Alors, bien sûr, c'est encore de l'argent public mis à contribution, mais, sinon, comment résout-on le problème?
L'attractivité d'une ville ne se mesure pas seulement à l'aune de l'offre culturelle et sportive, qui est conséquente sur Bar le Duc et aussi très favorisée par le haut niveau de subventions publiques. L'attractivité, c'est aussi un centre ville et des quartiers accueillants avec des commerces séduisants, cela passe aussi par une offre de logements adaptée aux besoins, et élément incontournable, par des emplois, liés à un développement économique important. Et il y a urgence!